En ce temps de carême nous pouvons méditer sur ce qu'est la crainte de Dieu.
La crainte de Dieu est présentée dans le Scivias comme un socle ur lequel tout repose, dans le Livre des Oeuvres Divines comme des forces qui revêtent l'aspect d'animaux sauvages puissants qui soufflent et maintiennent l'homme debout. Dans le Livre des Mérites de la Vie, Hildegarde transmet un enseignement de Dieu qui commente l'Ecclésiaste, en voici un extrait:
Réponse de la crainte de Dieu dans la sagesse de Salomon ( Ecclésiaste : Qo 1,14)
« La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse, elle se forme dans la matrice avec les fidèles, elle est crue avec les femmes élues, elle est reconnue avec les justes et les fidèles. »
Ce qu’il faut comprendre ainsi.
"Le premier aspect de la sagesse est la crainte de Dieu, comme l'aurore précède le soleil. Quand l'homme comprend qu'il a été créé par Dieu, il commence à le craindre. Ce qui est craint est honoré, ce qui est honoré est aimé ; et s'il est aimé avec justice il est aussi honoré avec justice. Donc, que l'homme qui sait qu'il est l'ouvrage de Dieu soit fidèle en ses actions, puisque la foi des saints est comme une matrice ; qu'il ait foi en Dieu pour être sauvé, qu'il essaie même de de mériter son salut et qu'il fasse cela dans la foi qui complète la sagesse. Car l'homme est retors dans ses péchés, qu'il prenne donc soin avec sagesse de se débarrasser des péchés et de sa défaire des pièges des vices qui se trouvent dans la vue, l'ouïe, le goût; l'odorat et le toucher, comme un forgeron lime ses formes pour les rendre belles et adéquates. Ô quelle grande sagesse, quand l'homme, par une sage crainte, commence à faire des lois contre la chair, de manière à renoncer aux péchés qu'il pourrait commettre ! Ainsi, grâce à ses action, la crainte du Seigneur se forme par la sagesse dans la foi des saints, de même que, lors de la naissance des créatures, la sagesses a mené à bien tous ses ouvrages.
Cette crainte propre aux élus habite en plénitude dans la sainteté de la femme puisque Dieu l'a créée de telle sorte qu'elle a la crainte de lui et aussi de son mari. Il est donc juste que la femme soit toujours respectueuse. Elle est alors comme le demeure de la sagesse car, avec la crainte, les choses terrestres et célestes sont accomplies : d'un côté l'être humain vient d'elle, de l'autre, les bonnes actions se montrent en elle avec une chaste pudeur. Mais si elle n'a pas de crainte, elle ne pourra garder une chaste pudeur et mordra tout ce qu'elle pourra, comme la race des vipères. Une femme qui a la crainte de Dieu réunie en son sein toutes les richesses des bonnes actions et des saintes vertus, et ne cesse jamais de faire beaucoup de bien.
Ainsi, l'on croit que la crainte du Seigneur est avec les femmes élues, qui ont été élues dans la sainteté et la justice : alors, les vertus opèrent en elles ; et chez les femmes justes qui accomplissent en tout la loi et les commandements de Dieu ; et chez les femmes fidèles qui négligent leur corps et le monde à cause de Dieu ; on reconnait cette crainte de Dieu à de grand miracles quand leur bonne actions resplendissent comme le soleil dans le monde entier. Ces bonnes actions ne peuvent se faire sans la crainte du Seigneur, mais s'accomplissent fidèlement grâce à elle. La mondanité, elle, est dépourvue des œuvres dues à la crainte de Dieu. Ces paroles sont dites pour la purification et le salut de l'âme des pécheurs, et elles sont dignes de foi ; que le fidèle y fasse attention et les garde en mémoire."
Hildegarde de Bingen, Les Mérites de la Vie, Châteaudun, EDB, 2014, p.91.
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